Le 24 juin 1991, le corps de Ghislaine Marchal est découvert inanimé par la Gendarmerie dans la chaufferie de sa villa de Mougins.

 
Le corps est lardé d’une dizaine de coups de couteaux, le crane défoncé et le doigt presque sectionné.
 
Sur la porte d’accès à la cave est notée en lettre de sang une inscription devenue célèbre "Omar m’a tuer".
 
Rapidement, le Omar en question sera identifié comme étant le un certain Omar Raddad, jardinier au sein de la propriété.
 
Entendu par les enquêteurs, il nie farouchement les faits malgré bon nombre d’éléments à charges.
 
Dès le 27 juin, il est mis en examen et écroué à la prison de Grasse.
 
Le procès s’ouvre devant la Cour d’Assises des Alpes-Maritimes en février 1994 avec comme avocat le ténor du Barreau Jacques Vergès qui va prendre le dossier en mains 3 jours avant son ouverture.
 
Au bout du compte les médias donc l’opinion semblent acquis à la cause du jardinier.
 
Il n’en est pas de même de la Cour d’Assises qui le condamne à 18 ans de réclusion criminelle.
 
Mais l’affaire Omar Raddad ne s’arrête pas là.
 
Tout d’abord, le jardinier clame toujours haut et fort son innocence.
 
Ensuite, d’un procès de droit commun, on dérive vers des allégations de racisme ayant eu pour effet une condamnation qui n’aurait peut-être pas été méritée:
 
Une riche veuve française est sauvagement assassinée dans sa villa luxueuse de Mougins?
 
Seul un pauvre immigré marocain, jardinier de son état, doit être l’auteur de cet assassinat…
 
C’est aussi en cela que ce dossier rappelle cruellement l’affaire Dominici pauvre petit paysan des basses Alpes face à une riche aristocrate Anglaise.
 
Et c’est sur ce terrain que son avocat est allé.
 
Et c’est comme cela qu’il est parvenu à convaincre l’opinion.
 
Je suis incapable de vous dire si Dominici est un meurtrier, si Agnelet a tué Agnès Le Roux ou si Omar Raddad est l’assassin de Ghislaine Marchal car je n’ai pas eu accès au dossier pénal.
 
Je ne peux me forger une conviction que par les rapports d’audience réalisés par la presse et qui sont nécessairement teintés de partialité et de parti pris.
En revanche, une cour d’assises passe des semaines sur une affaire, écoute les témoins, experts et enquêteurs défiler devant elle, son président en décortique les procès-verbaux.
 
Ce que je sais c’est que la vérité judiciaire a été rendue et l’a déclaré coupable.
 
Ce que je sais aussi, c’est qu’en 1994, l’appel des décisions de Cour d’Assises n’existait pas encore et que s’il avait pu bénéficier de ce droit d’appel, la décision aurait en deuxième instance pu être différente… ou pas.
 
Ce que je sais également c’est que la cour de cassation saisie et la Cour Européenne des Droits de l’Homme ont rejeté les recours présentés.
 
Ce que je sais enfin c’est qu’une demande de révision du procès a été présentée et a été rejetée par la Cour de révision.
 
Il est exact qu’en 1996, Jacques Chirac alors président de la République lui accorde une grâce, mais partielle seulement ; de 4 ans et huit mois.
 
Si le président était si convaincu de son innocence, il lui aurait accordé une grâce totale et non partielle.
 
Ici la durée de la grâce lui a seulement permis de présenter une demande de libération conditionnelle beaucoup plus tôt.
 
Enfin, on doit aussi noter que l’affaire Raddad était aussi devenue une affaire presque d’Etat où la France avait reçu pas mal de pression de la part du Maroc pour obtenir la remise en liberté du jardinier.
 
Seule une décision de la Cour de révision ordonnant un nouveau procès puis un nouveau procès aurait pu prononcer son acquittement.
 
Une telle possibilité ne relève pas du pouvoir du chef de l’Etat qui lui ne peut que décider de sa grâce.
 
Peut-être sans le but de maintenir de bonnes relations diplomatiques entre les deux, peut-être aussi à la faveur de contreparties occultes de la part du Maroc le Président a opté pour une grâce partielle.
 
Mais à vouloir essayer de ménager les intérêts de chacun et de les satisfaire, le résultat obtenu a frustré tout le monde à commencer par Omar Raddad.
 
Certes, il clame son innocence depuis longtemps et encore actuellement où l’on entend parfois parler à nouveau de cette affaire.
 
Je vois trois possibilités à une attitude aussi revendicative de la part d’Omar RADDAD: 
 
La première, et je l’ai déjà vu à pas mal de reprises: 
 
A force d’avoir proclamé son innocence et ce dès le premier jour, la première heure de son interpellation, le mis en cause peut se convaincre lui-même au fil du temps de sa non culpabilité et adopter une sorte de déni de la réalité.
 
La seconde, c’est de savoir au fond de lui-même ce qu’il en est de la vérité mais, par amour propre, pour sa dignité et aux yeux de ses proches, de l’opinion publique et de son pays, il souhaite obtenir à tout prix l’officialisation de sa non culpabilité.
 
La troisième, c’est tout simplement qu’il n’a rien fait et qu’il est totalement innocent.

 

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